J'avais abandonné. Essayé, réessayer et réabandonner. J'avais retenter et tout lâché. J'ai réessayé, juste au cas ou, et j'ai encore abandonné. J'étais comme une feuille morte au coin de mon lit, la manette suante entre mes doigts fatigués. Elle m'avait dit que ce jeu me torturerai l'esprit, que j'en ferais des nuits blanches et des cauchemars éveillés. Moi, Seiya Inoue, gay affirmé depuis quelques temps, me torturait l'esprit sur un jeu tout aussi gay que moi. Je grimace alors que, sur l'écran, le personnage masculin aux cheveux d'un blond qui frôle le genre fantastique me demande de réessayer de draguer son pote. Je quitte.

J'essaye et j'abandonne. J'abandonne pour la énième fois devant mon téléphone, le nom de mon meilleur ami inscrit sur l'écran pixelisé sous mes yeux. J'essaye d'envoyer ce foutu message à Taichi. J'avais passé le week-end entier cloitrer dans ma chambre devant ce jeu mal fait et trop coloré, à la morale presque satirique, pour comprendre ma situation. Je suis gay et il s'est passé quelque chose avec mon meilleur ami. Plusieurs choses. Alors j'avais demandé conseils; à mon inconscient et à mon surmoi, mais même ces deux là m'ont lâchés. C'est là que je me suis rendu compte que n'avoir qu'un seul ami proche n'a rien d'utile. Quand le problème concerne ce même ami, à qui je suis censé parler? Au gars lambda qui me vole mon riz à la cafétéria? Probablement pas.

Alors, pour la première fois en des mois, j'ai parlé a la seule personne qui pourrait me comprendre mais qui ne fait pas partie intégrante de mon cercle social: ma soeur jumelle. J'ai dû passé outre tout son rabotage pour lui dire les trois même mots que j'avait dit à Taichi les jours précédents et qui, petit à petit me rendaient embarrassé. Pendant un instant, où mes yeux ont faillit dégouliner de leurs orbites, j'avais cru qu'elle était aussi homosexuelle. Il m'a fallu retourner à la maison pour comprendre qu'elle s'y connaissait juste dans le domaine grâce à un passe-temps douteux qui consistait à lire des mangas pornographiques gay. Ah, le yaoi. J'ai dû la menacer pour éviter qu'elle ne me refile ces horreurs, mais elle à tout de même réussit à m'amadouer avec un jeu. D'après ses explications douteuses, mon seul but virtuel était de rendre une bande de gars amoureux de moi - pour des raisons encore mystérieuses, chacun d'entre eux a une couleur de cheveux différente piochée dans un arc-en-ciel - et d'ensuite en choisir un et mener ma vie heureuse avec lui.

Mais voila, le mot "pitié" n'a jamais été prononcé par ma soeur et je me retrouve à me lamenter parce que l'un vit les plus piteuses merdes du monde, l'autre décide de défier les lois de la gravité pour tomber amoureux de moi et qu'un autre m'a presque menacé de me "prendre" sur le champ si je ne lui avouait pas mon amour. J'ai essayé et abandonné.

Mon cerveau brouillé, je décide finalement de convier Taichi à me rejoindre dans ma chambre par message. Je ne sais pas ce que je suis censé lui dire, si ce n'est que j'ai joué à un jeu et que je suis tombé sous le charme virtuel d'un personnage qui lui ressemble énormément. Peut-être qu'il voudra jouer. Je m'étale sur mon lit et attend une réponse, ou que la porte ne s'ouvre brusquement.

SMS a écrit:

TO: Tai
FROM: Sei

Je sais que tu fous rien.
La porte de ma chambre est ouverte.
Viens.

Mes muscles grincent et me font souffrir alors que je me redresse suite à l’entrée de Taichi. En regagnant un champ vaste de vision de ma chambre, je me rends compte que je n’avais fait aucun effort pour au moins faire semblant de ranger le bordel monstre. Je faisais toujours attention à cacher le désastre qu’est cette chambre et mes biens personnels lorsque j’invite quelqu’un dans ma piaule, ce qui arrive tous les trente-six mois approximativement. Ma foi, Tai avait fait assez vite pour atterrir ici, alors je dirais que c’est faute à pas de temps.

« Ca me gêne pas, puis il fait froid. » Je dis, croisant mes jambes sur le lit alors que mon meilleur ami s’assoit sur le lit. Je n’avais ni conscience de l’état de ma chambre, ni de celui de mon visage alors quand il me reproche une certaine tronche, j’hausse les épaules.

L’atmosphère me pèse sur les épaules. La situation est presque étrange et je me repose la question du pourquoi de cette invitation dans ma chambre après ne pas s'être vu pendant un certain temps. Je tends la manette de console à Taichi après avoir pris soin de l’essuyer quelque peu. « C’est un jeu que ma sœur m’a prêté... ou m’a forcé à essayer, je sais pas trop. Si c’est dans mes intérêts, alors c’est probablement dans les tiens. »

Je n’ai pas peur de me faire juger pour le nombre anormal d’heures que j’ai passé sur ce jeu et sur l’intérêt que j’y porte. Ceci-dit, Taichi avait doucement l’air de prendre gout à ce jeu qu’il avait redouté.

«Je pensais apprendre des trucs grâce à ça… Enfin, t-tu sais, sur l’homosexualité et tout. » Je cherche quelque chose pour occuper mes mains, parce que c’est la première fois depuis quelques heures que je lâche la manette alors mes doigts s’ennuient. Je tripote mes pieds et tente de dégager cette gêne qui m’envahit doucement. «Enfin, sur les relations a-amoureuse en général. Parce que je me suis posé pleins de questions. » Parce que j’ai pas envie de te perdre. J’ai pas envie que Taichi aille voir un autre. Mais ces mots n’ont pas encore la force de rentrer en contact avec mes cordes vocales, et il me faudra un peu plus de confiance pour le lui dire.

Ouais, je pensais que ce jeu me donnerait les réponses exactes à mes questions. Qu’il me dirait comment faire parce que mon meilleur ami m’a embrassé et que depuis, toute pensée le concernant me fait quelque chose. Quelque chose que je n’arrive pas tout juste à percevoir mais que j’espérais régler bientôt.

Je ne sais pas. J’ai rendu coupable mon meilleur ami pour quelque chose qu’il avait fait par volonté. J’ai un brève souvenir de ce bécot que je lui avais fait  par la suite et du désir de mon meilleur ami que j’avais ressenti au même moment.

Je ne sais plus. Je suis Taichi du regard et c’est comme si il mettait une certaine distance entre nous, dans tous les sens du terme. Mon rythme cardiaque se saccade un peu alors que je le regarde s’éloigner. Nous sommes entre les mêmes quatre murs, et pourtant j’ai l’impression que chacune de ses paroles nous sépare de quelques mètres.

Je suis perdu. Pour l’avoir côtoyer si longtemps, je sais que son regard actuel est celui qui transcrit son sang qui chauffe. J’ai moi-même du mal à l’éviter ou le changer, mais de savoir que j’en suis la cause me fait ressentir comme si tous les malheurs du monde me tombaient dessus. « Pourquoi est-ce que même si tu dis vouloir rester mon meilleur ami, j’ai l’impression qu’on ne pourra pas retourner à ce stade d’ignorance ? » J’aurais beau avoir découvert ma sexualité il y a peu, Taichi avait l’air de connaitre la sienne depuis un moment. Alors parmi les questions que je me pose, l’une delle concerne sa pensée de moi avant même que je ne sache qu’il soit gay. Est-ce qu’il a déjà voulu m’embrasser ? Est-ce qu’il a déjà voulu tout m’avouer ?

« Parce que maintenant tu sais et je sais. Je sais aussi qu’à chaque fois que je pense à… toi, c’est comme si j’avais envie que quelque chose d’autre se passe. » Je reprends mon souffle. Depuis quand est-ce que je peux aligner autant de mots dans une même phrase? « Quelque chose qui surpasse ce stade de meilleur ami et qui me fasse réaliser que ne veux pas penser de toi seulement ainsi. » Mes yeux se baladent dans la chambre alors que les mots sortent tout seuls. On m’a souvent dit que quand je m’y mets, je pourrais parler pendant des heures. Peut-être que cette fois, c’était un peu trop.

J’ai comme un sursaut quand Taichi reprend la parole. C’est mon sang qui m’afflue à la tête et qui me fait presque exploser. Mes yeux sont écarquillés alors que le dernier mot résonne dans ma tête. Peut-être que je voulais dire ça… peut-être pas. J’essaye de réfléchir, mais j’entends mon cœur battre jusque dans mes oreilles. Je n’avais pas trop réfléchit à mes mots, mais pour cette fois, mon inconscient s’était chargé d’annoncer la couleur de mes désirs très clairement.

Construire une réponse m’avait pris un moment, et alors que je pense pouvoir rectifier ses paroles, je suis pris d’un autre sursaut. Encore un mot qui me prend au dépourvu et qui me fait poser le regard sur celui de mon meilleur ami. De la jalousie ? Est-ce que j’étais juste jaloux à l’idée que Taichi puisse en toucher un autre ? Ou est-ce que c’était de l’agacement qu’il puisse en parler si ouvertement alors que je mettais torturer les cordes vocales pour lui dire que j’avais envie que quelque chose se passe entre nous ?

« Probablement. » Sous-entendre un énorme oui. « Je t’aurais probablement balancé quelque chose à la figure et expulser de ma chambre, mais tu ne l’as pas fait… je suppose. » Je ressens soudainement un trop plein d’émotions, une explosion proche. J’avais presque été content, mais Taichi venait de me dévaster. Je me lève, j’ai besoin de faire quelque chose. Alors je ramasse le bordel. Les paquets de gâteaux empilés au cours du week-end, des chaussettes sales. J’essaye de contenir le tout dans mes mains que je crois tremblantes et oublie presque de contenir mes émotions. Ca va exploser.

Taichi est encore là ? Il est encore là. Je lui tourne le dos, et je panique. Je veux pas vraiment le voir parce que qui sait quel genre de connerie il risque encore de me dire. Mais je dois aller jeter tout ça à la poubelle, la poubelle à côté du bureau. Le bureau où se trouve Taichi. Taichi qui me rend dingue. C’était pas écrit ça, dans le jeu. Je dois me débarrasser du bordel dans mes bras. Tant pis, je lâche ce que je tiens, et je regarde le tout s’étaler par terre. Dingue.

Je sens presque un sourire s’étirer sur mes lèvres. Je frôle la folie pure et dure. Je cherche un rassurement, quelque part, n’importe où. Et c’est dans la voix de mon meilleur ami que je le trouve. Le bordel à mes pieds m’importe peu alors que j’entends les pas de Taichi s’éloigner. Il s’éloigne, encore, comme s’il n’était pas déjà assez loin. Cette distance me tue, mais cette distance, je l’emmerde.

Je tourne le talon et avant même que je le sache –  la vitesse à laquelle j’ai parcouru ma chambre dépasse carrément celle à laquelle je cours quand je suis en retard – mes bras sont autour de la taille de Taichi, l’emprisonnant dans ma force de mouche. Tu restes ici. Ce n’est pas mon inconscient qui m’a poussé à faire ce geste, c’est moi et juste moi. Moi et mon désir de le toucher qui persiste depuis la dernière fois.

C’est comme un vent froid qui me traverse et me dénude de ce surplus d’émotions futiles. Mon étreinte se resserre alors que je repense au fait qu’il voulait m’abandonner, là, maintenant. « C’est valable… pour maintenant ? » J’essaye d’enfouir mes mots dans le vêtement de Taichi contre lequel ma tête est posée, mais la proximité de nos deux corps fait en sorte que même au plus bas de ma voix, Tai peut m’entendre. « Embrasse-moi. J’en ai besoin. » Besoin, envie.

J'avais réussit a faire parvenir mes attentes a travers ces simples mots. Je ne sais pas où je suis allé pêcher ce courage, dans quel genre de sentiment, mais j'aurais espéré qu'il fasses son apparition plus tôt pour bien des choses. Mais voila, une fois dit, c'est comme une peur qui se fait ressentir, mais loin du regret.

Bien rapidement, Taichi me fait face et encore plus rapidement, ça se termine. Chaque contact entre nos lèvres jusqu'a aujourd'hui m'avait fait ressentir quelque chose de différent. Le premier m'avait prit au dépourvu et laisser sous le choc pendant quelques minutes, si ce n'est la journée entière. Cette fois, il était pressé. Je n'avais presque pas eu le temps de sentir quoi que ce soit si ce n'est les lèvres de Taichi sur les miennes et une grande satisfaction qui s'en suit. Peut-être que c'est un acte anodin pour Tai, mais pour moi c'est encore tout nouveau et ça me retourne le cerveau.

Mes bras retombent de part et d'autre de mon corps, ma tête levée pour regarder Tai, mais je ne le regarde pas vraiment. Je regarde ses lèvres, son nez, ses oreilles. Je contourne ses yeux, mais je n'arrive toujours pas a poser mon regard sur le sien. « Il est mignon le Shinobu, au moins? » Parce que ça me tourmente, ça m'échappe. Avant même de progresser dans quoi que ce soit, j'ai besoin de railler ce nom de mes pensées, et de celles de Tai. « C'est lui qui t'as poussé à le faire ou... c'est toi qui l'a jeté au lit? Pourquoi lui? » et pas moi? Pourquoi est-ce que je n'occupe que tes pensées et pas tes mains? Pourquoi est-ce que c'est moi qui ait dû te demander de venir jusque ici? Encore des questions qui ne peuvent pas coordonner avec mes cordes vocales parce que je suis coincé entre deux sentiments. Sans même m'en rendre
compte, j'avais commencé à jouer avec le tshirt de Taichi entre mes doigts. Je le détiens. Moi, mon, mien.

Pas mignon le Shinobu. J'avais posé cette question et Taichi y avait répondu, et après? Et après, j'ai des mains qui m'attrapent agressivement le derrière. Ca me fait élever les pieds par surprise mais ça n'a donné qu'un avantage de plus à Tai pour s'en prendre à mes lèvres. C'était le quatrième, et le deuxième dans le genre. Pas que j'allais me mettre a tous les compter ni les analyser, mais celui-ci méritait le nom de baiser.

Je ressens quelque chose de nouveau, mais pas intérieurement a mes émotions, intérieurement à ma bouche. Je n'avais pas fait de recherche ni d'apprentissage sur l'art du baiser, alors je laisserai Taichi me guider avec son talent à m'en couper le souffle, à proprement parlé. Mon coeur fait un bond alors que Tai me rappelle la présence de ses mains sur une partie inappropriée de mon corps. J'accroche les miennes aux cotés de son tshirt, mon équilibre faiblissant à chaque contact physique.

Je me résigne à quitter ses lèvres, dans un souffle, et garde une distance minime entre nos visages. « Pourquoi ce changement de comportement? » Je dis, ma voix juste au dessus d'un murmure et mes mots soufflants sur le visage de Taichi. Je n'avais pas put faire le décompte de toutes mes questions aujourd'hui, mais celle là serait probablement la dernière. J'avais réussit à stabiliser mes émotions pour mon propre bien-être, me permettant ainsi de me focaliser sur Taichi et toute chose qu'il pourrait faire.

J'en pensais peut-être en avoir finit avec mes questions, mais je n'avais pas encore pensé à comment Taichi pouvait se sentir. Je n'avais pas encore réalisé à quel point j'étais fautif dans cette histoire. J'avais probablement fait souffrir Taichi par mon ignorance de moi-même et de ses sentiments, de ce qu'il désirait vraiment et de ce qu'il pensait de moi. En lui avouant être gay, je pensais que les choses se dérouleraient normalement et que notre relation d'amitié ne changerait pas. Mais c'était avant de savoir que Tai est exactement dans le même sac que moi. Sauf que lui, ça fait un bout de temps, et que tout ce bout de temps, il vient de me faire comprendre qu'il souffrait par ma faute.

Mon petit coeur a du mal à se remettre de la tirade de Tai, accélérant entre chacun de ses mots, et un peu plus pour certains; amoureux, difficile, ton, tes, toi, toi, toi. Toi. Moi. Tant d'importance portée à ma petite personne en manque d'affection. J'en suis comblé, c'est presque un trop plein même. Mais je récolte ce qui déborde et je le conserve tout de même, je conserve précieusement chacun de ces aveux, de ces mots et de ces regards. « Taichi. » Son nom m'échappe. Mon cerveau ne suit plus le rythme monotone et ennuyeux qu'il a suivit durant ces seize années. A la place, il a développé quelque chose de nouveau, qui m'envahit le corps et qui me fait me sentir invincible. Mes mains remontent vers son visage, effleurant sa peau avec mes doigts frêles. « Tu me rends dingue. Tu me rends heureux. » Mais pas la même dinguerie que celle de tout à l'heure. Non, une dinguerie qui me fait me sentir bien, à l'aise.

« Soyons cons. » J'avais instinctivement rapproché mon visage du sien, l'espace respirable se faisant de plus en plus minimes. Mes lèvres effleurent les siennes alors que je prononce mes mots. « Soyons cons ensemble. »

HRP:

Si j’avais su, peut-être que j’aurais fait un effort pour ressembler à quelque chose aujourd’hui. Pour être resté enfermer tout le week-end, je redoutais l’odeur putride de mes vêtements et de mon propre corps. J’avais bien anticipé ce genre de conversation avec Taichi, mais j’avais préféré omettre les pensées de ce qu’il se passerait après. Mais j’avais espéré ce genre de dénouement au fond de moi.

Chaque baiser est fugace mais me dénude de toute conscience du monde autour de nous. Avant même que je ne me rende compte, je suis couvert dans l’ombre. L’ombre du corps de Taichi qui, peu à peu, s’empare de bien plus que mes lèvres. Je me suis accoutumé aux frissons sur toutes parties de mon corps qui lui, ne s’habitue toujours pas à cette sensation de plaisir lorsque les lèvres de Tai se baladent sur ma peau. Mes mains se lèvent pour aller se poser sur la tête de Tai, mes doigts s’emmêlant presque dans sa sombre chevelure. Pour l’avoir côtoyer aussi longtemps, je n’avais jamais remarqué que ses cheveux sont si doux. Ou plutôt, je n’avais jamais eu l’occasion de rentrer en contact physique ainsi avec mon meilleur ami. Est-ce que sa peau est toute aussi douce? C’était encore un monde inconnu pour moi, chaque endroit où je sentais les doigts de Taichi n’étais jamais rentré en contact avec la peau de quelqu’un d’autre, si ce n’est mes parents il y a bien des années.

Mes muscles détendus sur le matelas, je plis l’une de mes jambes pour ma propre aisance.  J’ai un doute alors que mon genou heurte quelque chose. Une chose. Je plisse les yeux dans le doute, et après avoir curieusement tâté la chose avec mon genou, j’en déduis rapidement que c’est l’entre-jambe de Taichi et puis merde. Ma jambe retombe à plat sur le lit, alors que je tourne ma tête de façon à ce qu’il ne puisse pas me regarder, moi et le rouge sur mon visage.
« ...Pardon. » Non ce n’était pas volontaire. Dieu. Un souffle m'échappe.

Non non non je ne continuerai pas. Je n’ai pas envie de le dire à voix haute, parce que j’ai peur de sa réaction et de comment les bonnes choses peuvent se terminer de la manière la plus atroce possible. J’étais bien, là, suivant le courant et les mouvements de Taichi. Je prends quelques secondes pour disséminer le rougissement de mon visage et alors que je m’apprête à reposer mon attention sur Tai, ses mains explorent mon buste et se débarrassent de mon tshirt avant que je puisse même dire un mot.  Aaaah, tant de vulnérabilité. C’est comme si le rougissement de mon visage y était fixé pour les prochaines heures à cause d’un profond embarras. Embarras qui risque de m’échapper de la bouche si Taichi continue de torturer mon cou de tous ces plaisirs.

Mes yeux le suivent alors qu’il s’abaisse au niveau de mon torse et engage un autre contact entre ses lèvres et ma peau. Je découvre alors la sensibilité de cette partie de mon corps, une sensibilité à laquelle je prends vite gout. Mais un gout que je n’ai pas envie d’exposer de peur que ça se transforme en faiblesse.

Ce que je craignais arrive alors. Alors que Taichi continue de me titiller, j’ai rallié mes cheveux devant mon visage et enfouit celui-ci sous mes mains. Sous ces mêmes mains se cachent également le léger bruit de quelques gémissements. C’est embarrassant, carrément frustrant et ça l’est d’autant plus quand je réalise que jamais une seconde je n’avais espérer que Taichi s’arrête de brise tout contact physique entre nous. J’ai besoin de dire quelque chose. Juste, briser le silence et m’assurer que je suis toujours en vie.
« T-Taichi ? » Je dis, encore cacher derrière mes mains mais l’observant entre deux doigts.

Ah, au final qu’il l’est peut être vraiment. Con, je veux dire. J’avais encore échoué à m’infiltrer dans les pensées de Taichi alors que je pensais enfin être sur la même longueur d’onde que lui. Je pensais que tout irait bien, normalement, puisqu’à ce point on était déjà trop loin pour reculer. Mais le revoilà, le chat noir et sa distance.

Ma vue s’illumine alors que l’ombre de Taichi glisse hors du lit. J’ai du mal à percuter sa question plutôt à côté de la plaque. J’ai dû mal à tolérer le hors-sujet, surtout là, maintenant, avec lui. Ce qui ne mérite pas sa place dans la discussion ne mérite pas mon effort de réponse. Je me redresse sur le lit et me cache indéfiniment derrière mes cheveux déteints. J’ai trouvé juste une entaille entre deux mèches pour y glisser mon iris et observer le peu de Tai que je peux. « Tu peux pas juste partir comme ça… c’est injuste. » Injuste parce qu’il a balancé mon tshirt à l’autre bout de la pièce et qu’il m’a laissé en plan, moi et mon corps sensibilisé. « C’est comme si je te redécouvrais aujourd’hui Taichi. Je ne savais pas que tu aimes faire les choses à moitié. » J’ai rallié mes genoux contre mon torse après avoir été pris d’un certain froid, intérieur ou extérieur. Les deux.

L'atmosphère de la pièce avait brusquement changée et ça m'avait rendu nerveux, en plus d'un changement brusque dans mes émotions également. Ont étaient tout de même passer de Taichi qui me tripote les tétons - Dieu, que ce nom m'écorche - à moi qui lui crache à la gueule. Mauvaise digestion de la situation, disons simplement. Je ne sortais pas indemne de cette discussion. Tai avait fait remonter en moi ce sentiment de culpabilité sur bien des niveaux.

Recroquevillé contre moi-même, je regarde Taichi de près, un minime sourire étiré sur mes lèvres. « Ce que j'allais te dire... c'était de ne pas te retenir... mais ne pas presser les choses non plus... je suis fragile, tu sais. » Je dis, presque faiblement. La dernière partie n'était pas la plus indispensable, certes, mais ne sait-on jamais s'il tente de me casser les hanches ou quelque chose dans les alentours.

J'hoche rapidement la tête et étend de nouveau mes jambes sur le matelas, un fraicheur passant sur la peau nue de mon buste. « Huh... j'ai peut-être des réactions étranges... mais c'est parce que tu sais... c'est la première fois... et... voila. » Mes pensées dérivent un moment et mon inconscient me fait imaginer Taichi lors de sa première fois. C'est assez difficile de visualiser un gars tel que lui dans une position d'ignorance à ce sujet.