Avant Pâques -- Kazuki Yudai

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Il devait être environ dix-huit heures et Norifumi se prélassait dans son lit. Il avait passé la journée à étudier ses cours de mathématiques dans la cour et comme le soleil était très fort alors il avait choppé un vilain coup de soleil sur les épaules. Ça lui aura apprit à retirer son blouson parce qu'il faisait chaud. Maintenant, il était adossé à une pile d'oreillers, un bouquin à la main et des feuilles de choux sur les épaules. Il paraissait que ça absorbait la chaleur.

C'était ce que lui avait dit sa tante, en tout cas, et comme il n'avait pas la tête à se documenter alors il avait choisit ce plan en passant près des cuisines. « ... Quelle horreur. » dit-il en refermant son bouquin. C'était vraiment un roman terriblement mauvais et il regrettait de l'avoir commencé il y a vingt minutes. Ça lui avait paru durer des heures même s'il faisait de la lecture rapide intégrale et qu'en fait il lisait beaucoup plus vite que la normale.

Il se pencha afin de glisser son bouquin sous son matelas, mais cette technique poussa sa précieuse peluche de lapin rose à glisser de sa judicieuse cachette en s'écrasant sur le sol. Norifumi avait dans l'intention de la récupérer, mais il avait du mal avec ses feuilles de choux et comme si ce n'était pas assez embarrassant Kazuki choisit ce moment pour entrer.
Norifumi avait toujours la main tendue vers sa peluche, les lunettes ayant fortement glissées de son nez et demeurait figé dans son geste.

Il fallait savoir qu'il s'appliquait depuis bientôt trois années complètes à cacher cette peluche à son colocataire de chambre. Et jusqu'ici il avait bien réussit, mais comme les choses ne duraient jamais vraiment, le voilà dans une situation bien inconfortable.

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Aaaaaah, c’était une journée tellement pénible. Le jeune homme ne savait pas trop pourquoi il avait dit oui, mais voilà. Le sac à dos tombant de moitié son épaule, il poussa la porte de sa chambre en lâchant une longue plainte quand soudainement. « Oh ? » Son regard doré se posa contre la main tendu de son colocataire. « Kawaaiiiiii !! » Balançant son sac sur son lit, le blondinet s’approcha de la peluche et saisit celle-ci dans sa main, caressant le dessus de la tête. En fait, Kazuki était un véritable gamin qui appréciait les petites choses de la vie, comme une peluche de lapin rose. C’était mignon ! Le nombre de peluche qu’il avait à la maison, offert par ses fans, c’était dément. « C’est une demoiselle fanatique de toi qui t’a donné la peluche, Norifumicchi ? » Une banal demande, pendant qu’il s’installait confortable sur son lit.

À ce moment, il s’étira de toute sa longueur en laissant la peluche assise, sur son ventre. Il croisa les bras derrière la tête en observant le plafond, son sourire d’imbécile toujours sur son visage. « Moi j’en ai des diiiiiiizaines à la maison, mais maman voulait pas que je les apportes. Elle dit que c’est bébé de dormir avec des peluches. Pffffff, c’est nul d’être adulte. » Il tourna la tête vers son coloc en souriant. « Tu crois pas ? Moi je dormais toujours avec une doudou avant. Avant que… Et bien, que le chien fasse pipi dessus… »

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Après un court moment de silence, Kazuki fonça vers la peluche pour la prendre et scander que celle-ci était adorable. En fait, Norifumi n'avait aucune envie que son camarade de chambre connaisse ce secret, mais comme le mal était déjà fait, il décida d'accueillir les choses comme elles étaient et quand le blond lui demanda si c'était une groupie qui lui avait offert cette peluche alors il se contenta de replacer ses lunettes sur son nez.

« ... » Il aurait bien répondu, mais c'est que Kazuki était du genre à ne jamais s'arrêter de parler alors il préféra rester muet et l'écouter dire qu'il en avait plein à la maison et que sa mère ne voulait pas qu'il les apporte à l'école. En un sens, l'étudiant se sentit rassuré de savoir qu'il n'aurait pas à dormir dans une chambre pareille.

« Ne te méprends pas. » répondit-il quand Kazuki eut fini de parler. « Je l'ai juste trouvé dehors et je l'ai ramené dans la chambre parce que ... » Il pinça à peine les lèvres en s'adossant contre son oreiller tandis qu'une feuille de choux tombait parterre. « Je me suis dis que je l'offrirais à quelqu'un qui en voudrait bien. » Ce n'était réellement pas son meilleur mensonge, mais il était hors de question que Yudai sache ce qu'il en était réellement.

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Ne te méprend pas. Pourquoi est-ce qu’il ferait ça? La surprise dans le regard, le blond s’installa en tailleur sur son lit, regardant le jeune homme et son torse. C’est qu’il n’avait même pas remarqué que son colocataire était torse nu en ce moment. Du coup, de le voir ainsi poussa Kazuki à sourire bêtement. « Tu fais du sport, Norifumicchi ? » C’était une demande curieuse, parce qu’un studieux ne pouvait pas avoir un corps comme ça, sans faire un peu de sport. Non, c’était impossible. « Même si c’est du sport en chambre, j’veux savoooooir ! » Dit-il, pour ne pas dire qu’il se lamentait. La peluche toujours dans les mains, il jouait avec les oreilles de celle-ci, l’aimant bien. Elle était douce et sentait… Tiens, c’était marrant ça.

« C’est drôle, elle a le même parfum que toi ! Haha, je crois que tu as une faaan et que c’était un cadeau. Tu l’as vraiment trouvé dans le couloir ? Parce que, si elle était devant la porte de la chambre, c’est une peluche pour toi. Garde la, c’est mignon l’amour d’un fan ! » Et il savait de quoi il parlait, des fans, il en avait des tonnes.

Trop même. Par moment c’était pénible. Heureusement qu’il avait Tokimasacchi pour lui venir en aide dans les couloirs quand ça n’allait plus. Bref, Kazuki se redressa un peu en se penchant vers la feuille de chou et la tendit à Nori. « Tiens, tu as perdu ta salade ! » … Oui, il pensait que ça venait du casse-croute du jeune homme.

« Au fait, tu faisais quoi? Tu étudiais pour l’examen ? »

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Il redressa la tête quand Kazuki lui posa cette première question. Faisait-il du sport ? En fait, la réponse était évidente : « À l'occasion. » Cela dit, il fallait que le blond en rajoute en évoquant le sport en chambre. Bien entendu, il avait comprit où il voulait en venir : « Ce n'est pas mon genre. » Bon, il pouvait avoir l'air coincé vite comme ça, mais c'était juste pas quelque chose qui était dans ses priorités.

Vous ne l'avais-je pas dit que ce gars n'était pas normal ? L'étudiant eut un imperceptible sursaut quand Kazuki dit que la peluche avait le même parfum que lui. D'abord, avait-il vraiment en mémoire son odeur ? Ensuite, est-ce qu'il était sérieux quand il s'imaginait des fans en délire ? « Je te rappelle que c'est toi la star ici, pas moi. » Il eut un soupir et contempla la peluche qui restait blottie dans les bras du blond.

« C'est du choux. » rectifia-t-il quand Kazuki lui tendit la feuille. Il la déposa sur sa table de chevet avec l'autre. Il se sentait beaucoup mieux, de toute façon. « Non. J'ai terminé mes révisions ce matin. » rétorqua-t-il enfin tandis qu'il tendait la main et subtilisait le lapin des doigts de Kazu. Il redressa la tête et l'examina deux secondes avant de cacher la peluche sous son oreiller.

Puis, il s'assit sur le rebord de son lit et posa une main contre le ventre de son camarade de chambrée afin de le faire reculer. Une fois debout alors il en profita pour l'interroger à son tour puisqu'il n'avait manifestement rien d'autre à faire désormais qu'il avait été dérangé dans sa solitude. « Et toi ? Où étais-tu ? »

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[quote="Kazuki Yudai"]

Ce n’était pas son genre? Kazuki eut un petit sourire en coin, rigolant par la suite. « Tu n’as jamais rien fait avec personne ? Attend… Tu n’as jamais rien fait avec la belle Fawn? Tu es sérieux ? » La surprise total sur le visage du jeune homme qui regardait maintenant Norifumicchi avec de grand yeux. Mais ce mec, il était bizarre. Dans un soupire, Kazuki chassa le sujet de la main, écoutant de nouveau le jeune homme parce que c’était rare d’entendre la voix du garçon aux cheveux vert. Pendant que Nori parlait, Kazuki jouait avec la peluche, portant celle-ci vers son nez, respirant l’odeur qu’il trouvait tout de même agréable.

« Oui, tout à fait, mais ça ne veux pas dire que tu n’as pas de groupie … Norifumicchi ! Tu es beau, tu es grand, tu es ténébreux du regard, tu dégages de l’assurance ! Tu as quand même réussi à sortir avec Fawnycchi … et et… » Il regarda la peluche un moment puis eut un petit sourire aux coins des lèvres. « Tu dors avec une peluche de lapin ! » C’était mignon quand l’ont combinait tout ça ensemble. Il le savait. Depuis la deuxième année mais, il savait que le jeune homme cachait cette peluche avec précaution et qu’il semblait gêné.

Mais Kazuki c’était réveillé une fois dans la nuit et la vision l’avait attendrit. C’était un baka normalement, mais là-dessus, Kazuki savait se taire. Quand Nori sembla plus froid en disant que c’était du chou, Kazu revient sur terre en clignant des yeux. « Haaaanw, t’énerve pas Norifumicchi … » En disant cela, le jeune homme fit une moue.

De plus, le garçon venait de lui voler le lapin, ce qui le fit sourire de nouveau, puisque Nori cacha la peluche. Donc, Nori avait terminé et lui demandait où il en était, en se redressant et en étant tout de même bien proche de son corps. « Anooooo…, j’ai terminé moi aussi ! J’ai eu de l’aide, haha ! Au fait, tu ne voudrais pas venir avec moi faire une balade ? »

En disant cela, le jeune homme posant les mains contre le torse de son coloc puis sourit. « Mais, si tu veux bien te mettre un t-shirt avant, ça serais bien ! »

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Il ne pensait pas provoquer ce genre de réaction chez Yudai, mais quand il se mit à l'interroger sur sa relation avec Fawn alors il n'y avait plus aucun doute qu'il avait l'air très con. « .... » D'ailleurs, il réalisa bien vite qu'il ne savait pas du tout quoi lui répondre.

Le blond n'hésita pas à enchaîner en lui faisant toute sorte de compliments et conclut en parlant de sa peluche de lapin. Celle qu'il venait justement de cacher d'un air angoissé sous son oreiller. Il avait espéré que Kazuki n'ait rien vu, mais c'était un échec.

Alors, quand le blond lui fit savoir qu'il avait aussi terminé ses révisions tout en lui proposant une balade, le binoclard demeura totalement muet. Ses lunettes glissèrent à nouveau de son nez alors qu'il baissait la tête sur les mains qui reposaient confortablement contre son torse dénudé.

« ... » Un moment de silence s'ensuivit alors qu'il se contentait juste de se pencher vers Kazuki, effleurant presque son visage, mais la vérité était qu'il tentait juste de récupérer son t-shirt sur la chaise de bureau entre leur lit respectif. Une fois qu'il l'eut prit entre ses doigts, il l'enfila lentement. « Où voudrais-tu aller ? » demanda-t-il.

Ça ne le dérangeait pas d'aller se balader, mais il voulait au moins savoir où ils iraient.

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La première fois qu’il avait fait la connaissance de Norifumicchi, Kazuki avait cru que ce jeune homme serait des plus mesquins, voir même violent et désagréable. Mais à chaque fois, Nori lui faisait comprendre que sa présence ne le dérangeait pas. Et c’était un plus pour lui, car normalement Kazuki avait le pouvoir d’énerver beaucoup de monde. Puis, il sut qu’il serait dans la même chambre que le jeune homme et son cœur avait fait un bond. Un bond de plaisir parce qu’il avait envie de mieux connaitre ce garçon, d’apprendre à savoir ce qu’il aimait, ses passions, pourquoi il avait les cheveux vert et surtout, quel genre d’adolescent il était. Bien sûr, la relation avec Fawn l’avait beaucoup surpris, il n’aurait pas cru que Norifumi soit du type à avoir une relation … Mais ce l’était et ça, c’était une surprise. Cela voudrait donc dire que n’importe qui pouvait avoir une chance avec le jeune homme …

Perdu dans ses rêveries, le blond sursauta quand il sentit le visage de son colocataire beaucoup trop près du sien. Rapidement, une chaleur étrange augmenta le rythme cardiaque de Kazu, ses joues prirent une teinte rosée très vif alors que son souffle pris un chemin beaucoup plus rapide. En fait, en ce moment c’était stupide, mais il se sentait bien et avait l’impression d’être sur un nuage. Depuis combien de temps il le connaissait et le côtoyait-il ? Depuis deux ans et bientôt trois quoi … Alors, ce n’était franchement pas surprenant.

Il avait déjà ressenti cela, mais la dernière fois c’était sous les douches avec le reste de l’équipe de basket, car Nori jouait par moment. Darius l’avait surpris et Kazuki avait tout nié en bloc, quittant en boudant. Mais cette fois, personne n’était présent pour voir ça et il en profitait. La vue était superbe quand même. Il savait que son attirance allait autant pour les filles que pour les garçons. Mais Norifumi avait un petit plus …

« … » Il se penchait toujours et venait de prendre le t-shirt juste derrière lui, sur la table de chevet. C’était que pour ça ? Pfffff, Kazuki fronça les sourcils en abordant une moue assez gamine. Il ne voulait pas que ce soit que ça. Alors, dans un mouvement rapide, juste après que son colocataire eut enfilé son t-shirt, Kazuki captura les lèvres du garçon, l’embrassant chastement puis, après un petit moment il tourna les talons en croisant les bras derrière la tête. « Ano, je ne sais paaas. J’ai faim, on pourrait casser la croute ? »

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Il allait replacer ses lunettes sur son nez comme il avait l'habitude de le faire quand il sentit Kazuki s'approcher. Sur le coup, il pensait que, peut-être, l'étudiant voulait juste lui retirer un truc de sur la joue ou quelque chose dans le genre. Après tout, Yudai aimait envahir l'espace vital des gens sans leur demander leur avis, mais ce qu'il osa faire était bien plus surprenant.

Bien qu'il soit largement surdoué et ait déjà embrassé quelqu'un - Fawn, par surcroît - Norifumi ne s'était jamais rapproché d'un homme au point d'en venir à une telle marque d'affection. Il n'avait rien contre ce type de personne, mais il devait admettre que c'était différent.

L'air boudeur de Kazuki lui fit comprendre que, peut-être, la tête blonde s'attendait à un baiser dès le moment où il avait penché le corps afin de prendre son t-shirt. Dans ce cas, il sentit ses sourcils bouger alors que son expression se décomposait en un agacement prodigieux. « ... »

Il se retourna et prit sa veste afin de l'enfiler. Puis, il le rejoint près de la porte et plaqua sa main contre l'encadrement en étant juste derrière Kazuki. « Arrête de faire la tête. » dit-il en ayant le menton juste au-dessus de l'épaule de Yudai. Puis, il saisit la poignée et poussa la porte.

« Je t'invite au Sakura Café. » dit-il en le pointant de l'index avec un air toujours assez rude, mais quand on observait bien, des rougeurs sur les joues laissaient présager une certaine forme de timidité. « Allons y. » conclut Norifumi, se dirigeant d'une démarche gauche vers l'escalier, une main aux doigts recouverts de bandages dans les cheveux.