Je n'y avais jamais pensé. Jamais songé jamais envisagé. Ni pour mes années de lycée, ni même pour plus tard. Mais voila, j'avais finit saoul, seul dans un bar alors Taichi est venu me chercher. Alors, il avait attrapé froid et j'avais dû prendre soin de lui, ou au moins faire semblant. Alors, il s'était passé des choses à ce moment là et j'avais adopté un tout nouveau point de vue concernant mon meilleur ami et découvert de nouvelles émotions. Moi qui avait toujours l'habitude de garder mon attention pour mon propre monde et m'exclure des autres, avait passé des jours à me morfondre et ne penser qu'à lui. Taichi. Juste lui, et moi.

Ca me parait toujours surréel de le voir à quelques centimètres de moi et de sentir le bout de ses doigts ou ses lèvres sur mon corps. Ses mots me rassurent mais ses gestes me surprennent. Je suis pris de frissons éphémères alors qu'il continue son ascension sur mon buste. Plus qu'embarrassé, je suis gêné d'être un petit être aussi frêle et aussi pâle qui ne sait ni quoi faire ni comment réagir. Alors je fixe le plafond, les murs, le bout de mon nez, ce qui me fait apercevoir Taichi, si sûr de lui.

Une chaleur me traverse alors que Tai initie un contact avec les parties inférieures de nos corps. C'est des morceaux de gémissements et de nngnhngnngh qui m'échappent des cordes vocales alors que mes lèvres sont closes, forcées par mes dents mordants ma lèvre inférieure. J'agite mon bassin parce que, inconsciemment, la pression de celui de Tai sur le mien me procure un certain quelque chose. Alors j'hésite à lui parler, lui communiquer mon ressenti et me contente de le regarder à travers mes yeux faiblis et humides.

Je ne savais rien, et il savait tout. Il savait comment s’y prendre, quand et où, jusqu’où. Et je ne savais pas ce qu’il espérait de moi, pauvre gosse frêle, fragile et inconnue à la pratique. J’avais toujours l’impression de décevoir et peur de voir ce fil qui nous unit se briser parce que je n’étais pas assez pour lui. Lui qui a tout. J’avais pourtant réussit à regagner confiance en moi en réalisant que quelqu’un m’aime, que quelqu’un me porte attention et me regarde de telle manière que je me sens réjuvéné.

Un soupir m’échappe, et j’aurais juré que ça aurait été un soupir habituel et négatif si cette sensation folle ne m’avait pas envahie. Encore de nouvelles sensations, un nouveau plaisir. Me mordant la jointure de l’index, je jette un coup d’œil à Taichi. Son nom m’échappe dans un faible gémissement alors que j’aperçois son regard de fauve. Ma tête retombe brusquement sur le matelas, mes dents s’enfonçant dans la peau de mon doigt. Je manque d’y aller à gorge déployée alors que Tai accélère son mouvement, mais j’ai comme un sixième sens félin qui s’éveille en moi.

Le coloc. Ses pas qui s’approchent de la chambre. Pourquoi j’y ai pas pensé plus tôt ? Pourquoi toutes ces inquiétudes et pourtant pas une seule concernant le fait qu’on pourrait être interrompu d’une seconde à l’autre parce qu’on n’est pas les seuls au monde ? Je m’évacue soudainement de mon moment de plaisir et percute mon genou dans le ventre de Taichi. Il me faut une seconde pour remonter mon calbute, une demi pour me soucier de mon érection et deux pour m’enfuir sous ma couette. « IL ARRIVE ! FUIS !!! » Je crie à Taichi d’une voix rouée. « D-D-D-Désolé j-je t'appellerai! » Je suis pas encore prêt à publiquement assumé ce genre de trucs, encore moins envers mon colocataire que je vois matin, nuit, habillé, nu.

Dans l’histoire, je reste tout de même celui le plus en rut et je n’avais qu’un souhait ; qu’il se calme parce que non, l’auto-soulagement de ma libido ne fait pas encore partit de mes compétences.