Tick tack tick tack. J’ouvre un œil, puis le deuxième. J’écoute le silence pendant un instant et lâche mon premier soupir de la journée. Un soupir satisfait. Mon colocataire n’est pas là pour me torturer l’esprit et les oreilles et j’apprécie grandement son geste d’avoir déguerpit sans m’avoir réveillé. Je suis censé sortir avec Taichi aussi, pour m’excuser de la débâcle de la dernière fois qui avait probablement fait moisir ses chaussures. Alors je lui avais proposé de l’accompagner en acheter des nouvelles. Pour ce qui est de les payer, pas sûr – disons que je me servais aussi de cette occasion pour acheter un nouveau jeu.

Je n’ai pas envie de faire attendre Taichi, alors je me prépare à une grande vitesse. On se rend en dehors de l’établissement, alors je fais peut-être un petit effort quant à mon physique. Plutôt que de balancer du shampooing sec sur trois mèches de mes cheveux, je les lave soigneusement.  J’enfile un pull coloré de derrière les fagots et merde, peut-être que j’en fais trop ? Tant pis.

J’attrape mon téléphone et ma console puisque si Tai n’est pas devant ma porte au moment où je l’ouvre, c’est qu’il ne sera pas prêt tout de suite alors autant attendre confortablement. Personne devant la porte. Le deuxième soupir de la journée m’échappe des lèvres et je claque la porte derrière moi alors que je me traîne jusqu’à la chambre quinze, d’un pas lourd et à moitié réveillé.  Je ne toque pas, je déboule dans la chambre. « Tai ! » Je ne suis jamais rentré dans sa chambre, mais d’un coup, je regrette. Il fait chaud, l’odeur n’est pas très agréable et vu le petit bordel un peu partout, quelque chose me dit que Taichi n’est pas prêt.

Je m’approche d’un lit d’où une forme humaine peut être reconnue sous la couverture. Peut-être que c’est Tai, peut-être que non, peut-être que c’est son colocataire tout nu. Je prends la couverture du bout des doigts et la descends lentement jusqu’à apercevoir une crinière noire. J’esquisse un petit sourire après avoir eu confirmation que mon meilleur ami se trouve bel et bien sous cette couverture, mais j’ai également mes raisons pour lui enfoncer la tête dans le mur.

« Taichi ? T’aurais quand même pas oublié qu’on doit sortir aujourd’hui ? » Je dis d’une voix basse pour ne pas le brusquer, après avoir descendue la couverture juste pour découvrir sa tête.

Moi qui pensait n’avoir à attendre qu’une poignée de minutes, peut-être qu’au final je devrais attendre une semaine entière pour sortir en ville avec Tai. J’étais sur le point de l’engueuler, jusqu’à ce qu’il se redresse et que je croise son regard mourant. Je peux sentir le mal à travers son regard et je peux surtout l’entendre. Je manque de ricaner à cause de sa voix bien trop nasale, on aurait dit qu’il a deux pierres coincé au fin fond du nez.

Mais mon meilleur ami est en train de souffrir de je ne sais quel maladie alors je garde mon calme et soupire. Il aurait pu m’envoyer un message, ça m’aurait évité de me préparer et j’aurais simplement put débarquer dans sa chambre en pyjama avec le nécessaire pour que monsieur ne se plaigne pas pendant trois siècles qu’il est sur le point de mourir. Juste par précaution, je pose le dos de ma main sur sa joue déjà rouge. « T’es bouillant. On pourrait faire cuire un œuf sur ta peau. » Je me racle la gorge directement après histoire de faire disparaitre cette horrible blague.

« Bouge pas, mais ne t’endors pas, je reviens. » Je laisse entendre d’une voix douce. Je pose mon téléphone et ma console sur la table de chevet et m’empresse de sortir de la chambre. Sans même m’en rendre compte, je cours dans les couloirs, jusqu’à l’infirmerie. L’infirmier s’excuse car il ne peut pas se déplacer jusqu’à la chambre, mais en échange, il me donne une boîte avec quelque trucs et des noms compliqués que je devais forcer Taichi à prendre pour son bien-être.

Contrairement à ma première entrée dans la pièce, j’ouvre délicatement la porte et retourne m’asseoir sur le bord du lit. La boîte de soins ouverte, j’hausse un sourcil à la vue d’un masque chirurgical mais le place quand même au-dessus de ma bouche. Hors de question qu’ils me crachent ses microbes à la gueule. Je n’ai jamais attrapé de rhume ou je ne sais quel genre de maladie qui vous cloître au lit jusqu’à présent, et c’est pas maintenant que je comptais me baptiser à ce niveau.

Je rebaisse la couverture sous laquelle Tai s’était enfoui de nouveau. « Misaburo-san, pour m’excuser de vous avoir déranger pendant votre sommeil la dernière fois, je vais aujourd’hui m’occuper de vous et tous vos microbes. » Je dis d’une voix presque féminine, essayant quand même d’éviter que Taichi ne s’enfonce dans une mauvaise humeur qui m’énerverait moi-même. « Mais comment t’as pu attraper ça ? » Malgré la peine que je ressens pour lui à chaque fois que je le vois, je pose mes yeux sur son visage pâle, assombrit et rosit. Ouais, tout à la fois. C’est impressionnant les gens malades.

Je ne suis jamais tombé malade si ce n’est un nez bouché qui ne nécessite pas de soins, donc je ne sais pas vraiment quel médicament fait quoi, mais je sais comment les utiliser, du moins je crois. J’ai souvent vu ma cruche de sœur cloitrer dans son lit dans le même état que Taichi, et j’ai pu apprendre un peu en regardant mes parents prendre soin d’elle. En attendant, je la narguais parce qu’elle est vraiment fragile et que j’ai hérité d’un système immunitaire divin.

Et voilà que Taichi rejette la faute sur moi. Je fais un effort pour prendre soin de lui et il ose me reprocher de l’avoir pousser à tomber malade. J’ai envie de lui balancer la boîte à la figure et aller acheter mon jeu, seul, et pas de chaussures pour lui. Un soupir m’échappe des lèvres, mais il est stopper par le masque.  Je regarde Tai encore une fois et pour la peine qu’il me fait, je n’oserais pas le laisser seul. « Je crois plutôt que c’est parce que vous êtes sortis des douches trempé et presque nu, Misaburo-san. » J’ai laissé ma voix d’infirmière expérimentée de côté, mais je garde mes airs sérieux malgré ses pensées malsaines qui me remontent à l'esprit. « Moi qui croyais que les idiots ne tombaient jamais malade… » et avant même que Taichi ne puisse dire quoi que ce soit face à cette insulte dissimulée, je force un thermomètre entre ses lèvres.

« Misaburo-san, comment est-ce que vous vous sentez ? Vous avez froid ? Chaud ? Envie de me vomir sur les genoux ? » Je dis alors que je cherche quelque chose dans la boîte de l'infirmier. Quoi? Je ne sais pas.

C’était drôle. J’aimais bien jouer à l’infirmier, surtout avec Taichi qui avait l’air plus que vulnérable en étant malade. Je peux l’insulter autant de fois que je le veux puisqu’il n’a pas la force de faire quoi que ce soit. Je jette un coup d’œil au thermomètre et me fiche quelque peu des chiffres, mais j’ai vu mon père faire ça à ma sœur, alors je reproduis. Je le nettoie de tous les microbes que Tai aurait pu mettre alors que celui-ci m’éclate mon masque contre le visage. Je grogne et me frotte la bouche à travers le masque.

« Des instruments de torture, quoi d'autre. » Je dis alors que j’y jette le thermomètre. Je cherche encore un peu dans la boîte et tombe sur quelque chose qui m’a l’air bien familier. Il n’y a pas d’emballage, il est tout seul, mais par sa forme ovale et pointue et sa couleur blanche cassée, je reconnais ce truc. Je me tourne le regard vers Taichi alors que je lui mets le médicament ovale sous les yeux. « Puisque tu veux me foutre des baffes, je vais te foutre ça où tu penses. » Je l’ouvre et un rire m’échappe.

Je me souviens très bien de ce truc. Comment mes parents m’auront torturé avec ça pour X ou Y raison. Je crois que ça s’appelle un suppositoire. Ouais, c’est ça.

La réponse était encore plus drôle que ce que je m’attendais, vraiment. J’éclate de rire alors que Taichi saute hors du lit. J’ai presque mal à la gorge et les larmes aux yeux et pourtant je m'étais promit de ne pas rire de son malheur.

Le suppositoire est hors de sa protection, pas de retour en arrière possible. Je dépose la boîte sur le lit maintenant vide et me lève pour m’approcher de Taichi. Plus je m’approche, plus je peux observer un magnifique rouge sur son visage. Sa teinte avait changé, donc je savais bien que ce n’était pas dut à sa maladie mais bien au fait que j’ai eu l’idée de lui mettre un suppositoire. « Misaburo-san, je ne vais pas vous mettre ça dans le c-cul. » Ouais, j’ai un peu de mal avec les mots vulgaires. « Mais dans l'anus pour que cela pénètre votre rectum. »

Je regarde le suppositoire. Je sais plus trop à quoi ça sert, mais tout ce qui était dans la boîte avait été jugé utile par l’infirmier pour le cas de Taichi. « L’infirmier a insisté sur celui-là, il m’a dit que ça te feras le plus grand bien, allez ! »

Pendant un instant, je pensais avoir gagné. J’avais juste à bloquer Taichi quelque part et à… à… Je réfléchis un instant et la situation est carrément ridicule. Moi, pauvre innocent que je suis, essayait de coincer mon meilleur ami pour lui mettre un suppositoire entre les fesses. Comment est-ce que je pensais pouvoir lui baisser son calbute et lui écarter les fesses pour admirer son rectum ? Rien qu’à l’imaginer, j’en ai des frissons. J’étais là pour le réconforter de son mal être, il peut prendre ses médocs tout seul après tout. Mais juste pour une petite farce j’avais continué à le poursuivre.

La farce commence à aller trop loin quand Taichi s’approche dangereusement de moi et je vois sa main me passer à côté du visage, pour aller effleurer mon oreille. Par ce minime contact et ces paroles, je commence à perdre mes sens. Ma gorge est nouée alors que j’essaye de lui dire que j’abandonne, drapeau blanc. J’essaye de bouger mes mains pour écarter Taichi de moi. T’es malade merde. Mais les contacts physiques deviennent de plus en plus… poussés. Je peux sentir mon cœur battre dans mes doigts, dans ma tête, dans la plante de mon pied, mais surtout juste en dessous des lèvres de Tai sur ma gorge.

Il bat trop vite, il va s’arrêter et je vais mourir parce que j’ai essayé de soigner mon meilleur ami avec un suppositoire.  Le voilà qu’il reparle de son rêve. Mais merde, on avait décidé de l’oublier celui-là. C’était pas toi qui t’était enfuit après que je t’ai demandé si t’essayais de le reproduire dans les douches ? P-putain Taichi.

Je n’avais pas pensé à ce que Taichi allait faire par la suite, mais je le redoutais déjà. Je sens mon masque tombé d’une oreille, et la prochaine chose que je sais, c’est que je peux compter les cils de Taichi à cause de sa proximité à mon visage. Il y est collé par le biais de ses lèvres sur les miennes. J’ai du mal à comprendre le pourquoi du comment, alors je me focalise sur la sensation de mon premier baiser même si j’ai l’impression d’avoir perdu tous mes sens. Ses lèvres sont brûlantes mais douces. Je remarque que c’est le meilleur moyen d’attraper sa maladie et Dieu merci, il décide de couper le contact entre nos lèvres.

Il rit parce qu’il a saisi le suppositoire. Il rit, alors que je suis figé sur mes deux pieds, les bras raides sans motivation pour bouger malgré ce que mon cerveau leur dit de faire : foutre un poing à Taichi, vraiment. Je sens ma gorge se dénouer après un court silence. « T-T-T-T- » Peut-être pas en fait.

J’essaye de garder ma bouche fermée, parce que je sens mon cerveau forcée mes cordes vocales à dire quelque chose qui irait bien trop dans ce contexte, mais qui me causerais bien trop des problèmes, probablement. « Tai, j’suis gay. » Et c’est fait. C’est sorti de ma bouche comme- comme je sais pas… Merde. Mais j'ai eu confirmation par mes hormones parce que le baiser inopiné ne m'avait pas parut répugnant ou qu'importe qu'un hétérosexuel penserait d'un baiser avec le même sexe. Mes yeux dérivent alors que j’essaye de ne pas regarder Taichi alors que mon cerveau me dit de faire des choses bien au-dessus de moi. Sale con de cerveau. Putain, merde.

J’y avais longuement pensé. Les filles ne me font pas d’effets, la poitrine, les cheveux longs… Non. Les garçons me font un peu plus d’effet. J’évite les contacts physiques avec eux, parce que je sais que ça me met mal à l’aise et je vire au rouge quand je suis trop proche de quelqu’un du même sexe que moi. J’avais envoyé un courrier au journal du lycée, je l’avais fait sans honte puisque c’était anonyme. J’en avais tiré le mot ‘homosexuel’. Et voilà que je viens d’en avoir la confirmation. Je m’étais même reposé la question des centaines de fois depuis l’incident de la douche. C’était un poids de moins sur mon cœur.

Mais le double du poids vient de se rajouter. Taichi aussi. Je suis presque satisfait mais surtout soulagé qu’il n’ait pas eu de réaction qui aurait mis fin à notre amitié de toujours. Peut-être même que c’est le début d’autre chose.

Il a l’air gêné et l’atmosphère est presque tendue, étrange. Deux meilleurs amis gays qui viennent de s’embrasser, même sans mon consentement. Ca sort encore une fois d’une série américaine foireuse. Je retourne m’asseoir sur le lit de Taichi, fixant le sol. « T-t’aurais juste put me demander d’arrêter… » Je traficote avec la boîte de premier secours, juste pour occuper mes mains et essayer de me libérer quelque peu de ma gêne. « Même si t'avais su... qu'est ce que t'aurais fait? » Quitte à faire des aveux homos comme il le dit si bien. Je garde la tête baissée, sur le point d’exploser.

Mes doigts se resserrent autour de plusieurs médicaments lorsque Taichi parle de sa première fois sexuelle si ouvertement. Ca ne m’étonne pas qu’il ai de l’expérience dans la demain, mais ça me met encore plus dans une situation d’infériorité quand je sais qu’il me ferait joyeusement l’a-a…mour.

Moi qui suis encore embarrassé en voyant deux personne s’embrasser à la télé, comment est-ce que je suis censé en parler spontanément à mon meilleur ami sans savoir comment il risque de réagir ? Je n’ai jamais eu envie de risquer notre amitié, alors je me suis tut. Et si ça ne sortait pas aujourd’hui, dans ces conditions, après ce baiser, ça ne serait jamais sorti. « Maintenant qu'on le sait... c-c’est pas comme si il allait se passer grand-chose à côté. »

C’est confus, je ne sais pas ce que Taichi pense à propos de ma personne, ni je sais ce que je pense à propos de lui. Il y’a eu un baiser, des aveux, et puis il a parlé de sexe. Je n’arrive pas à faire le lien entre tout ça, entre nous deux. « T’es arrivé à temps pour mon premier baiser... au moins… » Je continue d’une voix basse.

Je l'énerve et le déçois. Ca aurait été n'importe qui, ça ne m'aurait pas atteint. Mais ces mots, sortant de la bouche de mon meilleur ami, m'avaient fait baissé la tête de honte. J'ai encore l'esprit et le cerveau complètement retourné à cause de ces récents aveux et surtout des contacts physiques auxquels je ne suis absolument pas habitué, alors analyser chacune de ses paroles n'ai pas dans mes capacités pour le moment. Je suis même submergé par ma propre révélation sur mon homosexualité qui était sortit trop facilement, mais qu'est ce que je suis censé faire après ça? Chercher sur internet comment les relations entre homosexuels se passent? Télécharger des eroge yaoi?

Je suis au bord de la dépression alors que je tilte les derniers aveux de Taichi. Je suis encore nouveau dans ce domaine social au dessus de l'amitié, mais je crois comprendre les paroles de Tai. « Tu pensais que... toi... » Je le pointes du doigt. « ...et moi... » Je retournes alors mon doigt pour me désigner. Mon regard retombe sur le lit et je cherche alors l'une de ses mains. Une fois mes yeux posée sur l'une d'elles, je l'agrippe et enlace nos doigts ensemble et finit par élever l'assemblage entre nous deux. « On pourrait faire ce genre de choses? »

La soudaine pensée d'une relation quelque peu romantique avec Taichi me traverse l'esprit et c'est assez pour que mon visage, qui s'était reblanchit, vire au pourpre pour la énième fois depuis que je suis rentré dans cette pièce. J'abaisse nos mains sur le lit mais ne les sépare pas pour autant.

« Alors... le bisou, c'était pas juste pour le suppositoire? » Je repenses à ce moment que j'avais pourtant essayé d'oublié pour rester sain face a Tai. Du bout des doigts de ma main libre, je caresse l'endroit où ses lèvres étaient posées il y a quelques minutes alors que la sensation réapparait.

Et voilà que c’est le début d’un truc tout nouveau. Des sentiments que je n’ai jamais rencontré et un nouveau point de vue sur une personne que je connais depuis toujours. J’avais fait des progrès surprenant même pour ma propre petite personne, en arrivant à Shake It Off. Mais est-ce que j’étais prêt à assumer mon homosexualité en public ?

Mais Taichi est encore gêné, peut-être plus que moi, et ça me fait esquisser un sourire. « En attendant, tu m’as quand même embrassé alors que t’as la crève et que mon but premier était de prendre soin de toi. »

Un soupire m’échappe. C’est comme si je viens de me libérer d’une certaine gêne face à la situation. Je me sens plus léger, et resserre la main de Taichi dans la mienne. Foutu pour foutu, quitte à être malade, autant l’être deux fois. J’ai mon regard rivé sur les lèvres de mon meilleur ami – ou je sais pas trop comment je suis censé l’appeler après tant d’aveux – et après quelques secondes de réflexion, je me soulève du lit et me penche juste au-dessus de son visage.

J’ai un arrêt cardiaque pendant un moment, mais quand je me souviens de mon motif, je m’abaisse légèrement pour laisser mes lèvres se posées contre celles de Taichi. C’est toujours la même sensation, mais mon organe vital bat beaucoup plus vite, il est sur le point d’exploser même. Parce que merde, c’est moi qui l’ai fait cette fois. Ca dure moins d’une seconde, juste un bécot, mais c’est assez pour me faire perdre mes sens.

« E-Euh… c-c’est…pour te soigner…enfin… c’est parce que… moi aussi… » Je ne sais même plus quoi dire. J’ai commencé à jouer avec les doigts de Taichi sans m’en rendre compte, alors que j’étais censé lâcher sa main.

Au final, je ne sais pas trop comment me sentir. Est-ce que ça va trop vite ? Peut-être que c’est comme ça que ça se déroule en temps normal, j’en sais rien. Et si Taichi n’était pas sorti de la douche à moitié à poil ? Il ne serait pas malade et rien de ça ne serait arrivé. J’aurais continué de vivre dans l’ignorance de ma propre personne et à me sentir étrange à chaque fois que ma peau frôle celle d’un autre garçon. J’aurais toujours vu Tai comme mon meilleur ami, et rien n’aurais changé. Est-ce qu’il comptait me le dire un jour ?

Son regard est intimidant, mais presque invitant. Il a toujours l’air d’un zombie à cause de sa maladie, mais il y’a quelque chose en plus qui s’est faufilé dans ses yeux depuis. Je me redresse et tente de me calmer rapidement, attrapant la boîte que l’infirmier m’avait confié que j’avais laissée au sol. Je commence à fouiller dedans, laissant ma voix s’assourdir un peu sur le bruit que je fais. « C-C’est pas le moment. Tu dois te rétablir et puis après… après on verra. » Ce qu'il se passerait après, c'est que ça sera à mon tour d'être malade, et probablement à son tour de prendre soin de moi. S'il se daigne responsable.