Joyeux Anniversaire ◮ Privé Hisanobü

C'était une journée pluvieuse, mais même la bruine ne l'empêcherait pas de sortir ce jour-là. Il devait être environ 13h et le soleil traversait parfois les nuages. Il avait la capuche de son hoodie noir sur la tête et observait le nom gravé sur la pierre tombale.

Ça n'avait rien de joyeux comme moment, mais il ne semblait pas en colère ni triste. Il paraissait plutôt neutre face à ce qu'il regardait. Samaël était debout depuis peut-être quinze minutes quand il vit passer une silhouette près de lui.

Alors, l'homme plissa à peine les yeux comme si on venait de le déranger dans sa quiétude. En fait, il avait de bons réflexes et cherchait qui pouvait bien être aussi fou que lui pour venir se recueillir une journée grise comme celle-là. « Qui est là ? » demanda-t-il à voix haute. Assez pour être entendu.

Ce dimanche-là, Hisanobü s'était dit qu'elle irait faire une séance de désherbage au cimetière. Comme le jardinage lui plaisait un ''tantinet'' et que la fin de semaine les serres de l'école étaient fermés, la jeune blondinette passait au cimetière, quelques fois, pour aller arranger bénévolement les aménagements paysagers. C'était bien plus que du bénévolat en fait, c'était un cadeau pour elle d'aller arranger gratuitement les plates-bandes.

Même à cette pluie, Hisa ne s'empêchait pas d'y aller. D'abord parce qu'il y avait moins de monde, donc moins de regards étonnés, parfois même outrés. Ensuite parce que la terre résistait moins sous la tirade quand elle prenait un renoué du japon -mauvaise herbe japonaise- et l'arrachait à son lieu de vie.

Vêtue d'un petit imper rouge pompier à capuchon large, elle valsait entre les pierres tombales pour remédier à cette fâcheuse invasion de cette année. Pendant qu'elle se rendait à un autre endroit, elle entendit une voix. Cette voix... Elle la connaissait parfaitement. Disons que dans son esprit elle était rattachée à un couteau. ''Samaël?'' Le questionna-t-elle en se retournant vivement sur elle-même, pour mieux voir qui l'appelait.

Entre-temps, il avait fait quelques pas sur l'herbe mouillée et avait pu discerner cet imperméable rouge. Quand la voix prononça son prénom alors il comprit de qui il s'agissait. Habituellement, les gens qu'il connaissait l'appelaient Kas ou encore « patron ». Il n'y avait qu'elle pour le prénommer ainsi.

Comme il savait qui elle était alors il s'avança et rangea ses mains dans la poche kangourou de son hoodie en examinant attentivement l'étudiante. Elle était encore dans un endroit étrange à un moment étrange de la journée. « Que fais-tu ici ? » demanda-t-il en posant le regard sur les mauvaises herbes disposées les unes sur les autres.

Apparemment, elle en avait arraché quelques unes. Alors, il lui vint à l'esprit une drôle d'hypothèse qu'il dit à voix haute : « Du jardinage ? »

Il s'approcha d'elle, presque furtivement. Je dis presque, parce que c'était plus le hoodie noir qui couvrait sa tête qui donnait cet effet de furtivité. Hisanobü, étrangement, n'était pas mal à l'aise face à lui. Ce qui aurait très bien pu arriver, vu l'événement de l'autre soir. Elle sourit à Samaël et vient pour répondre à sa question, quand lui même y répondit. ''Ouais, c'est exactement ça... Je... Je fais du désherbage sur les pierres tombales. Parfois, c'est invasif. Et... Toi?'' Elle s'interrogeait sur ses raisons à lui, mais en fait, la déduction voulait qu'il devait venir voir quelqu'un. En fait, se recueillir sur une pierre tombale, plutôt. Alors, elle ajouta : ''Si c'est pas trop indiscret de demander.''

Elle le connaissait peu, mais ça ne prenait pas un doctorat en Génie Civile pour comprendre que cet homme là ne devait pas étaler ses émotions à tout vent. Ni même à tout eau... Ni même à tout feu, tout flamme, hein?

Il aurait très bien pu la juger pour l'activité qu'elle était en train de vivre, mais il n'était pas de ce genre-là alors il préféra plutôt écouter sa question bien qu'elle soit, en effet, indiscrète en quelque sorte.
Samaël ne parlait pas beaucoup de lui quand c'était un sujet qui le mettait en colère. Cette fois-ci, c'était le jour de chance d'Hisanobü parce qu'elle l'interrogeait sur quelque chose qui lui tenait à coeur. C'est avec sérieux qu'il lui dit : « Je suis venu voir ma mère. » dit-il en pointant la pierre tombale juste derrière eux.

Enfin, il se demanda si elle ne voulait pas plutôt être toute seule ? Dans tous les cas, il n'avait pas envie de partir alors il préféra plutôt se pencher et saisir la petite pelle qui traînait au sol : « Je n'utilise jamais ça. À part une fois dans des circonstances différentes. » dit-il, évasif.

Il la scruta en tenant la pelle et lui dit : « Comment va ton cou ? » Il osait remettre le sujet sur le tapis. C'est qu'elle avait fait appel à tout ses sens ce soir-là. Ou presque.

Quand la réponse tomba, Hisa hocha de la tête, nerveusement. Disons qu'elle aussi avait perdu sa mère. Mais ce n'est pas parce qu'ils avaient tous les deux plus de mère que cela les mettait dans le même bateau. Les circonstances et les origines d'une perte pouvait faire en sorte que ça ne se rejoignait pas du tout. Et la jeune blondinette avait compris ça, même si elle était très jeune, ce genre de chose faisait parti de son éducation. Ce genre de remarque interne, Mike lui avait montré depuis tout jeune, alors. ''Elle est morte depuis longtemps?'' Oui, Hisa avait osé. Elle aurait très bien pu s'approcher et regarder la date elle-même sur la pierre. Mais elle préférait converser avec lui. Étrangement il lui plaisait. Hisanobü aimait bien sa compagnie, bien qu'elle soit différente des autres.

Il se pencha pour prendre l'outil que la jardinière avait laissé là, tout à l'heure. ''Sainte...'' Il ne venait pas d'insinuer ce qu'elle pensait? Elle éclata de rire. Pas trop fort, toujours dans un esprit de respect des morts. Mais Hisa ne put s'empêcher de trouver la remarquer cynique. Mais drôle.

La question la perça, bien plus que le couteau de l'autre soir. ''Bien.'' Dit-elle, rouge de timidité. Elle s'approcha de lui pour qu'il la voit mieux et pencha la tête vers le côté, légèrement. Pour que son cou soit bien en évidence. ''Tu vois?'' Son coeur battait fort, mais pas de peur.

La première question était effectivement plutôt audacieuse, mais l'homme ne paraissait pas trop être en colère. En fait, il gardait toujours cette expression plutôt calme. Il paraissait froid et détaché, mais il était aussi attentif à ce qu'elle lui demandait. « Il y a dix ans. » dit-il sans plus de détails. Elle lui poserait bien des questions si elle voulait.

Enfin, quand elle s'approcha pour lui montrer l'état de son cou. Il ne voyait pas grand chose tant elle avait rougit en s'approchant. Il ne sembla pas le remarquer, mais la réalité était toute autre. Comme elle était tout près alors il se pencha encore pour mieux examiner et tendit la main. Ses doigts effleurèrent à peine la gorge.

« Oui. C'est moins pire que je pensais. » admit-il tout en se reculant, au final. Il avait les vêtements trempés et les nuages commençaient à devenir plus denses. C'est après une minute de silence qu'il entendit le grondement du tonnerre au loin. La foudre apparut dans le ciel.

« Il va y avoir un orage. » dit-il en venant se gratter un peu l'avant-bras. « Nous ferions mieux de rentrer. » Il savait qu'elle aurait du mal à atteindre l'école avant que l'orage ne soit au plus fort alors il ajouta d'un ton décontracté : « Allons chez moi. »

La sobre réponse lui suffit pour le moment. De toute manière, elle ne savait pas quels terrains étaient glissants ou pas, avec lui. Même si d'ordinaire, elle s'en fichait, c'est qu'avec ce genre de sujet là, Hisanobü n'était pas à l'aise. Ce qui était très, très rare. ''Moi aussi j'ai perdu ma mère... Mais j'étais trop petite pour m'en rendre compte.'' Elle ajouta une petite tranche de vie, à elle. Une toute petite, mais tant qu'à être là-dedans...

Encore ce toucher doux... Hisanobü sentait son sang battre dans tout son corps. Vraiment particulier comme sensation. À sa remarque, elle choisit de ne pas répondre, puisqu'en vérité, il n'avait jamais coupé la peau de la jeune blondinette : c'était bien elle qui avait pressé sur la lame. ''Tu as bien très bien calculé ta force...'' Mais qu'est ce que ça voulait dire?? Elle avait dit ça, plus vite qu'elle n'avait réfléchi.

Le ciel tonnait et Hisa en jubilait. Elle adorait quand le ciel parlait. Ça lui faisait peur, certes, mais elle aimait cette peur. Elle aimait cette sombre missive que l'espace nous envoyait. ''Ok!'' Elle décida d'accepter, illico, parce qu'en effet, elle ne se rendrait pas à temps et là la peur la gagnerait.

Ils avaient le décès de leur mère en commun, mais ce n'était pas quelque chose qui rendait l'homme heureux ou satisfait. Au contraire, il aurait préféré ne pas partager ce vide avec elle. C'est quand elle lui dit qu'il avait bien calculé sa force que l'homme eut un haussement de sourcil.

« Je calcule toujours bien ma force. » dit-il d'un ton énigmatique avant de se diriger vers la sortie du cimetière. Il savait qu'elle le suivrait comme elle venait d'acquiescer à sa proposition. C'est seulement une fois devant un immeuble plutôt chic qu'ils purent monter à bord de l'acenseur afin de rejoindre l'étage supérieur là où se trouvait son loft.

Quand les portes s'ouvrirent alors un lieu chaleureux apparu devant eux. Il n'était pas du tout à l'origine du décor, mais celui-ci lui convenait assez bien alors pourquoi changer ? L'homme se contenta de tourner la tête vers la blonde après avoir refermé la porte d'entrée. Il dégoulinait carrément tant la pluie avait été plus forte une fois qu'ils avaient quittés le cimetière.

L'homme retira son hoodie et son t-shirt suivit comme ils étaient collés ensemble. Le torse dénudé, il posa le regard sur elle. « Je vais le mettre à sécher. » dit-il en parlant de l'imperméable d'Hisanobü. Après tout, il y avait un grand foyer. Autant s'en servir. « Tu veux quelque chose à boire ? » fit-il après avoir retiré ses bottes. Il traîna les pieds jusqu'au foyer en déposant l'imper' sur un support près du foyer.

Elle décida de ne pas répondre à cette remarque, parce qu'en vérité, son esprit mal tourné lui avait mis des images dans la tête. Des images de situations où Samaël calculerait parfaitement sa Force. Et elle ne voulait pas transmettre d'énergie... particulière, disons. Elle sourit, voilà tout. En marchant côte à côte avec lui, ils s'arrêtèrent devant un immense immeuble de luxe et, durant un court instant, Hisanobü se demandait bien pourquoi ils avaient stoppé. Mais son questionnement fut de courte durée, car ils pénétrèrent dedans.

''Mon Dieu... C'est dont ben beau, chez toi...!!'' Complétement subjuguée par la beauté et la clarté de la place, même si dehors il faisait une tempête infernale. On aurait dit qu'elle n'avait pas assez de yeux pour bien capter tout ce qu'elle percevait. ''C'est magnifique!'' Elle avait envie de visiter toutes les pièces, d'essayer tout ce qu'elle voyait. Les bancs, les divans, ouvrir les armoire, faire cuire un truc sur la cuisinière, prendre un bain!

Mais son attention fut porter vers Samaël qui venait de se dévêtir. Le torse, bien sûre, mais quand même. Pendant qu'elle l'observait -scrutait, dis-je- Hisa ne se demandait plus du tout s'il l'a regardait de sorte que lorsqu'il se retourna vers elle, il ne pouvait pas passer à côté du fait qu'elle l'admirait. ''Je... Oui, bonne idée.''

Elle retira son imperméable et le remit à son hôte. ''Mm. Oui, pourquoi pas? De... L'eau pétillante?'' Hisanobü adorait l'eau gazeuse.

Il ne pouvait que remarquer l'expression sur le visage de la blonde, mais n'en fit pas de cas. Il préféra se diriger vers la salle de lavage afin de récupérer un chandail propre et chaud qu'il enfila. Enfin, il se dirigea vers la cuisine et sortit un perrier dont il ouvrit le bouchon pour ensuite lui servir un verre.

« Fais comme chez toi. Si tu veux visiter, fouiller, explorer. Ne t'en prives pas. » Il n'était pas du genre à cacher quoi que ce soit aux gens et loin de lui l'idée de la priver de ce plaisir. Surtout qu'il avait bien comprit qu'elle était curieuse et ça se voyait à l'expression fascinée sur son visage encore rouge.

Il se contenta de croiser les bras contre le comptoir juste en face d'elle et prit le temps de la regarder en se demandant si elle allait se mettre en marche et où elle déciderait d'aller en premier. C'était à elle de choisir et après il la guiderait vers le reste des lieux.

Elle avait prit le temps de déposer son petit panier en osier, qui contenait des gants de jardinage, un petit râteau et des petites pelles. Pendant que Samaël était aller se rhabiller. Il lui offrit le verre d'eau pétillante qu'elle lui avait demander. Hisa prit une petite gorgée et ferma les yeux très fort, la première gorgée lui allait toujours jusque dans le nez. Et ça la faisait toujours beaucoup réagir.

''C'est vrai? Je peux?'' C'était de la pure rhétorique, parce qu'elle était déjà en train de s'activer, comme une petite abeille qui veut butiner. Mais qui ne sait pas par quelle fleur commencer, tellement il y en a.

Pour commencer, elle choisit d'aller flatter la peau de l'animal qui était étendu sur le pouf central du salon. Puis elle décida de se frotter la joue contre. Parce que les mains c'est bien, mais les joues c'est encore mieux! Après elle se releva et tourna sa tête vers Samaël, pour voir si tout était encore ''ok''. D'après sa réaction, elle comprit qu'elle pouvait encore se gâter! Hisa ne connaissait pas l'endroit, ni même où se trouvait les choses, mais elle partie en courant chercher la salle de bain. Parce qu'elle adorait les salles de bains. Pauvre, riche, médium, elle devait voir la salle de bain quand elle entrait à quelque part... Elle ne fut pas déçue!

''Awww!!!'' Elle hurla de bonheur.

Il acquiesça d'un furtif signe de tête quand elle lui posa cette question rhétorique. C'était une habitude que bien des gens avaient de réagir de la sorte quand on leur offrait quelque chose. Il s'attendait à ce qu'elle choisisse un lieu quelconque comme le salon, mais elle préféra partir à la recherche de la salle de bain. Celle-ci était en marbre blanc et très épurée.

Ce n'était pas toujours idéal surtout quand il revenait couvert de sang, mais c'était aussi pour ça qu'on avait inventé les femmes de ménage. L'homme s'arrêta derrière l'étudiante qui était encore dans l'encadrement de la porte et se contenta de rester à l'arrière jusqu'à ce qu'elle décide de faire un pas à l'intérieur.

« Ça te plait ? » l'interrogea-t-il en posant l'épaule contre l'encadrement de la porte. Il pleuvait toujours pas mal dehors et le ciel était vraiment très sombre alors il savait qu'elle devrait rester encore un moment dans ce grand loft. Autant en profiter et la laissa s'acclimater.
Bien qu'il soit, en général, du genre à préférer être seul, il ne pouvait pas en dire autant d'elle. Disons qu'il la considérait comme une personne divertissante.

Si ça lui plaisait? Oh-que-oui! Que ça lui plaisait!

Au tout début, elle restait, timidement, dans l'embrasure de la porte, mais elle ne put se retenir et se rendit jusque dans la douche. Douche qui était, soit dit en passant, énorme. On aurait dit la chambre de son dortoir. Elle sentit le froid traversé le tissu de ses bas. Et ferma la porte en vitre, comme pour s'emprisonner. ''Je suis ta prisonnière!'' Cria-t-elle pour que le son traverse la vitre, comme si c'était nécessaire... Elle prit une des rares bouteilles qu'il y avait là et l'ouvrit pour sentir son odeur. ''Mmh. Tu sens bon.'' Maintenant qu'elle avait terminé son inspection de la douche, elle sortit et prit la direction de la chambre de Samaël. Sans vraiment le savoir, bien sûr.

''C'est gigantesque...'' Plus pour elle-même, qu'autre chose. Hisa regardait partout et s'arrêta dos au lit. Et se laissa tomber sur le matelas douillet. ''Saut de l'Ange!''

Il eut envie de dire qu'elle n'était pas tout à fait sa prisonnière si c'était elle qui s'était enfermée dans la douche, mais il préféra se taire et la suivre du regard alors qu'elle filait vers la chambre en se laissant tomber sur le lit.
Elle avait spécifié trouver qu'il sentait bon. C'était une bonne chose, mine de rien. Enfin, il s'approcha et s'assit sur le matelas à ses côtés. « Il est vrai que tu as l'air d'un ange. Gabriel au féminin. » dit-il en repoussant les mèches blondes qui étaient collées contre le front d'Hisanobü.

Ses doigts formaient presque une demi-lune contre son front avant qu'il ne décide de glisser son pouce contre le dessus du nez. Il retira finalement sa main et s'étira de façon paresseuse. « C'est un peu grand pour un homme seul. » admit-il concernant ce lieu. « Mis à part le pensionnat, as-tu une demeure ? Je sais que ton père voyage. Que fait-il dans la vie ? »

C'était l'heure où il l'interrogeait, visiblement.

Il était tout près d'elle et ça la rendait bien. Même s'il l'avait menacé d'un couteau, Samaël ne lui donnait pas l'impression qu'il pourrait être méchant avec elle. Méchant pour de vrai. Toujours étendue sur le dos, sa respiration était courte. Et elle se retourna pour mieux le voir. Et quand il prononça ces paroles, Hisa sursauta presque. Elle se releva légèrement, s'appuyant sur son coude et lui dit : ''T'es pas sérieux là? Mon père me disait toujours que j'étais l'Ange Gabriel... On ne sait pas vraiment son sexe. Dans certains écrits l'ange à une énergie féminine et dans d'autres c'est une essence masculine...'' Rétorqua-t-elle, à Samaël qui l'avait tellement surpris, qu'elle n'avait pas réaliser qu'il lui avait tasser quelques mèches de cheveux.

Mais le reste, ça elle le sentit. Et elle se figea un instant, avant de se coller sur lui. Hisa n'avait pas envie de réfléchir, ni même de se casser le pompom avec quoique ce soit. Et il l'attirait. Beaucoup.

''Oui, une modeste demeure. Quelque chose de petit puisque mon père est souvent en pèlerinage. Alors, ça ne sert à rien vraiment de s'encombrer de paiement pour rien!'' Dévoila-t-elle, avant de fourrer son petit nez froid dans le coup de Samaël. Elle avait envie de voir s'il sentait comme la bouteille. ''Tu sens aussi bon que ton savon. Même plus.'' Totalement inutile comme remarque, mais bon c'était Hisa.

Il acquiesça doucement aux premières paroles de la jeune demoiselle. « Je sais. » Il avait lu pas mal de textes parce que sa mère était une véritable croyante. Il fallait dire que Hisanobü ne connaissait pas ce détail alors il ajouta : « Ma mère était dans un couvent avant de rencontrer mon père. » C'était une histoire pathétique, mais il n'allait pas s'en cacher.

Alors qu'elle se blottissait contre lui sans vraiment qu'il ne l'ait demandé alors il étira un peu le cou comme pour redresser sa tête et c'est là qu'elle vint poser son nez froid à cet endroit pour humer son odeur. Quand elle confirma qu'il avait la même odeur que son shampoing alors il haussa le sourcil.

« Ton père est alors un homme de foi aussi. » dit-il en comprenant un peu mieux cette impression de quiétude qu'elle inspirait. Elle avait été élevée sous les préceptes de Dieu, c'était inévitable. Il tendit la main et la posa contre la nuque de l'adolescente. Il avait un tel appui sur sa tête qu'il pouvait attirer le visage d'Hisanobü à lui à n'importe quel moment.

Les yeux dans les yeux, il ajouta : « Tu n'as toujours pas bu ton eau pétillante. » À ces mots, il avait approché ses lèvres des siennes, les effleurant à peine. Son souffle s'était plus sentit que ses lèvres, à dire vrai. Il la relâcha délicatement et se leva en replaçant son haut avec nonchalance.

Il savait? C'était étrange, pas grand monde savait ce genre d'informations. Mais l'explication qui vint justifia pourquoi il savait. Et, encore une fois, elle écarquilla les yeux de surprise. C'est que... bon. Les hasard, Hisa n'y croyait pas vraiment... ''Tu as été élevé par une mère croyante?'' Cela la surprenait. Pas à cause de son allure, mais plutôt parce qu'elle aussi avait été élevé par un croyant.

''Oui... Exactement. C'est mon père adoptif.'' Ses réponses étaient courtes, mais c'est que sa concentration n'était pas vraiment au rendez-vous, disons. ''Il... Il est un Homme de Foi, mais pas nécessairement d'église. Qu'il voudrait que je précises, s'il était là.'' Parce que bon. La Foi c'est une chose, la Religion c'en est une autre et l'église... On en parle pas.

Samaël déposa sa main contre la nuque de Hisa. Hisa qui rougit autant que sa petite boucle chérie. Et son coeur arrêta de battre. Elle alla répondre qu'elle pouvait aller chercher son verre d'eau, quand finalement l'eau prit le bord. Hisa n'avait plus soif. Plus faim. La jeune blondinette avança les lèvres vers lui, mais Samaël n'avait qu'effleuré sa bouche.

Il se leva et Hisa se laissa retomber sur le matelas, bien. ''Ah! Oui! L'eau...''

Il comprenait ce dont elle parlait quand elle évoquait cette mince différence entre la Foi et l'Église. Il n'était pas du genre à débattre et préférait laisser chacun voir la vie comme il l'entendait, mais dans son cas il était bien loin d'adhérer à une quelconque religion alors il pouvait comprendre où elle voulait en venir.

Une fois debout, il tourna la tête vers elle et finit par se remettre en marche vers la cuisine. Bien qu'il ait été tout à fait neutre tout le long de ce petit moment entre-eux, il n'en demeurait pas moins qu'un éclat amusé traversait son regard. Elle était vraiment unique cette demoiselle.

Il ouvrit l'armoire et saisit un cure-dent qu'il coinça entre ses dents. C'est en le mordillant qu'il se servit une bière dans le frigo. Après l'avoir décapsulée avec aisance alors il réfléchit un instant et comme Hisanobü l'avait suivit alors il la regarda. « On mange quoi ce soir ? »

Le tonnerre gronda à nouveau. La foudre était parfaitement visible par les hautes fenêtres sur le mur adjacent à eux. Celui du grand living room. Samaël se demandait vraiment ce qu'elle allait lui répondre.

La jeune étudiante se releva du matelas, plus que confortable, et passa une main sur la doudou qui couvrait le petit divan au bout de la chambre. Tout ici était doux, beau, texturé. Un décor plus que parfait. Pensa-t-elle. Et Samaël coïncidait parfaitement dans ce millieu. Ça paraissait que c'était chez lui. Le contemporain donnait un effet de froideur. Intense. Mais si agréable à l'oeil. De par son épuration. De par le fait que rien n'était encombré...

Bref, elle le suivait, toujours un peu derrière à regarder un truc. Un tableau, un meuble. Arrivée à la cuisine, Samaël se prit une bière, qu'il décapsula aisément. Et Hisanobü avait le goût d'en prendre une, bière. Elle n'était pas du genre à boire, très souvent. Mais ça lui était arrivé de se prendre une coupe de vin -ou deux- avec Mike. ''Mmh... N'importe quoi? J'ai le droit de choisir ce que je veux??'' Demanda-t-elle, en plongeant son regard dans le sien. Elle était toujours très près de lui. Comme si elle voulait être dans sa bulle...

Hisa avait repris son verre d'eau gazeuse et le savourait, pendant que la foudre perçait le ciel, au-dessus d'eux.

Il se retourna après avoir bu une gorgée de sa bouteille et c'est là qu'il remarqua qu'elle était tout près de lui. En effet, elle semblait vouloir entrer dans son espace vital, mais cela ne le dérangeait pas tellement. Elle était tellement petite et menue qu'elle ne prenait forcément pas beaucoup de place.

Il tendit la main afin de déposer sa bouteille sur le comptoir et en profita pour lui répondre : « Oui. Ce que tu veux. » déclara-t-il en attenant toujours qu'elle lui réponde. Sa main qui reposait toujours contre le bord du comptoir s'y appuyait avec nonchalance tandis que ses yeux étaient rivés sur elle.

Ils étaient face-à-face.

Il y avait beaucoup trop de chose qu'elle avait envie de manger. Surtout qu'Hisa c'était une gourmande. Plus qu’avérée! Un peu comme Tsuki-chan, finalement. Et puis, en plus, elle avait envie de répondre des insanités à Samaël. Mais elle se retient. De toute manière, elle ne savait pas vraiment comment draguer un garçon. Encore moins un homme tel que lui. Elle fronça du nez légèrement et finit par dire : ''Des sushis!!'' C'était bon des sushis. ''Avec des crevettes frites dans le tempura.''

Elle reprit une longue gorgée de son eau, qui maintenant était terminée. Hisa se rapprocha de Samaël qui tenait toujours sa bière, pour venir fouiner un peu. Question de découvrir c'était quelle sorte et si elle allait lui demander ou non d'en avoir une.

Il n'allait pas la contredire sur le choix de repas qu'elle avait choisit. Bien sûr, il savait que c'était beaucoup de préparation, mais comme il était préférable de ne rien commander avec une température pareille alors il réfléchit simplement à tout ce qu'il y avait dans le frigo. « Très bien, on va faire ça. » dit-il une fois qu'il eut fait le tour de sa mémoire.

Elle s'approchait de la bière et semblait se demander ce que c'était. « C'est une bière Asahi. C'est très bon avec des sushis. » dit-il en ouvrant à nouveau le réfrigérateur. « Tu peux la prendre si tu veux. » déclara-t-il avec indifférence face à l'idée de perdre sa boisson. Après tout, il y en avait plein d'autres en réserve. Il sortit les crevettes du congélateur puisqu'elles devraient décongeler un peu avant de faire le repas.

Il mit aussi le riz à cuire dans la machine.

Elle ne s'attendait pas du tout à le voir cuisiner! Pas qu'il n'avait pas l'air de ça... Mais avec ce qu'elle avait commander, elle aurait penser que Samaël aurait préféré faire venir tout ça d'un bon restaurant à sushis. ''Tu vas les faire toi-même?'' L'interrogea-t-elle du regard. Parce que bon, oui, c'était une japonaise, oui, on habitait au Japon, mais c'était quand même beaucoup de préparation. ''Et ben! J'ai hâte de manger tes sushis...'' Et elle lui sourit.

Quand il lui parla de la bière Asahi, Hisa reconnut vaguement cette sorte de bière. Mike en avait chez lui, avant qu'il parte, pour de bon. Et elle n'y avait pas goûter. ''Oui, merci. Mon père l'aime bien, cette sorte.'' Elle prit la bière qui était déjà commencer, de toute manière elle n'avait pas envie de gaspiller. ''Mmh. Elle est bonne...''

Hisa s'approcha du comptoir et se mit en face de lui, pour bien l'admirer faire sa besogne. Il y avait quelque chose de gracieux en le voyant s'atteler à cette tâche. Comme si il avait l'habitude d'être méticuleux. ''Je... Je peux te poser une question?'' Dit-elle, un peu gênée, en prenant une gorgée de façon malhabile. Tellement qu'une goûte ou deux tombèrent sur son menton, sans qu'elle sans rendre compte.

Ce n'était pas la première fois qu'il en faisait alors l'habitude devait donner l'impression qu'il avait une certaine facilité à faire ce genre de choses. Il est vrai qu'il était méticuleux, mais la cuisine n'était pas tellement ce qu'il préférait bien qu'à l'occasion ça permettait aux sens de s'éveiller.

Il remarqua que la jeune blonde parlait beaucoup de son père. Pas qu'il y voyait un quelconque inconvénient, mais il voyait là quelque chose de très naturel. Elle était jeune et il était sa seule famille. C'est juste que Samaël ne pensait jamais à son père outre qu'en réunion quand ses hommes évoquaient les anciennes méthodes.

Ça le faisait grincer des dents.

« Oui ? » fit-il quand elle lui demanda si elle pouvait lui poser une question. Il ne comprenait même pas pourquoi elle lui demandait une chose pareille. C'était évident que ça ne le dérangeait pas. Il tourna la tête vers elle après avoir déposé sa cuillère en bois sur le comptoir.

Il s'approcha et lui saisit le menton en soulevant de façon légère le menton de la blonde afin de venir lécher les gouttes de la boisson qui roulaient contre sa mâchoire. Une fois que ce fut fait alors il la relâcha afin de la contourner et de rejoindre les autres armoires pour sortir ce dont il aurait besoin pour faire les maki.

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