Une soirée comme une autre se déroulait. Une soirée où il avait enfin un peu de temps libre. Sa journée s'était résumée à être là dans cet entrepôt à regarder ses hommes de main découper une tête humaine à l'aide d'une hache. Ça n'avait vraiment rien d'appétissant, mais le caractère distant de l'homme lui permettait de ne rien ressentir à la vue de cadavres et ce depuis fort longtemps.

L'homme était assit sur son long canapé en L de cuir noir et observait les glaçons dans son verre quand la sonnette retentit. Il se redressa en remontant les manches de son chandail mince et noir à col en V. C'est une fois qu'il eut appuyé sur le bouton pour déverrouiller la porte en bas du bâtiment qu'il entendit des pas légers dans les marches.

Il ouvrit la porte avant que l'on ne cogne et fit face à cet être étrange à la chevelure semblable à celle de la princesse Raiponce. « Tu es en retard. » dit-il en s'effaçant pour le laisser passer. Une fois que la porte se fut refermée derrière lui Samaël s'approcha de sa veste disposée sur un crochet au mur et prit son porte-feuille pour lui tendre les billets qu'il ne lui avait pas donnés la dernière fois.

C'était pour le taxi. Pas pour une bêtise comme vous auriez pu le penser.

C'est d'un air toujours aussi calme qu'il le suivit du regard alors qu'il allait s'installer sur le canapé. « Je le sais. » dit-il concernant le fait de ne pas être le seul homme dans sa vie. « Maeda de mon clan ne cesse de me parler de toi. » dit-il en se retenant presque de rouler les yeux par cynisme. Ce type était une mauviette qui ne comprenait rien. Ça ne l'étonnait même plus.

Il revint s'asseoir et termina le contenu de son verre en laissant les glaçons fondre au fond. Puis, il posa le regard sur l'étudiant tandis que celui-ci lui demandait ce qu'il voulait faire. Samaël se permit juste un regard sur lui avant de répondre : « Je l'ignore. » Puis, il ajouta : « Je t'ai convoqué pour te rendre l'argent que je te devais. C'est tout. » Il se laissa choir sur le canapé en observant le tableau au-dessus de l'âtre.

C'est en croisant les bras qu'il ajouta lentement : « Tu es overbooké ? » C'était ce qu'il semblait dire comme c'était la raison qu'il avait évoqué pour se faire pardonner son bête retard.

Il l'écouta en levant le sourcil d'un air perplexe quand il se mit à lui dire que ça lui coûterait le double de ce qu'il lui avait donné. Comme l'élève s'était redressé alors l'homme se dirigea vers sa veste et en sortit encore quelques billets qu'il déposa entre le short et la taille de Freyja. « Tiens. » dit-il.
Bien sûr, il s'était fait frapper, mais il n'allait pas se mettre en colère parce que le blond jouait les gamins. En fait, il lui en faudrait plus pour s'énerver. L'homme demeura auprès de la table comme Fay y était appuyé et l'écouta parler de sa "famille louche" et d'une "blonde un peu nunuche".

Même si la description était vague, Samaël comprit tout de suite de qui il était question. « C'est vrai. » Il n'allait pas s'en cacher. Ce serait stupide. Elle se retrouvait toujours sur son chemin donc c'était plutôt logique que certains l'aient vu avec elle. « Pourquoi ? » ajouta-t-il en posant une main sur la table en s'y appuyant d'un geste nonchalant.

Samaël avait pratiquement l'impression de pouvoir lire le fil des pensées de l'adolescent à travers son regard. C'est que Fay était le genre de personne à livre ouvert et il n'y avait pas de doute qu'il était jaloux quand il proposa qu'il devienne un peu bizarre aux côtés de l'étudiante : assez pour rêver de licornes et de bisounours.

Il ne savait pas trop pourquoi, mais c'est peut-être cette expression cynique sur le visage du blond qui le poussa à lâcher un léger ricanement. « Il m'en faudrait vraiment plus pour devenir fou, je te rassure. » Il se massa un peu la mâchoire tout en le regardant toujours et pencha le visage vers le sien.

« Qu'est-ce qui te prend tout à coup ? » l'interrogea-t-il avant de juste venir lui appuyer sur le bout du nez. Il aurait très bien pu l'interroger quant à ses sentiments, mais la vérité c'était qu'il n'en avait aucunement envie. « Je te sers à boire ? » demanda-t-il en s'effaçant pour se diriger vers la cuisine à aire ouverte. Il ouvrit une armoire où toutes les boissons étaient entreposées.

Il tourna la tête vers l'étudiant quand celui-ci lui parla de ce collègue dont il n'en avait strictement rien à faire. Il s'était servit un autre verre, mais décida finalement de le laisser de côté et posa la bouteille sur le comptoir avec lenteur.
C'est ensuite qu'il marcha jusqu'au blond en lui détachant son chignon pour que les mèches tombent contre son dos en ondulant à peine. Il lui souleva lentement le menton tandis que ses yeux bleu-glace le fixaient avec attention.

Samaël n'avait pas vraiment l'habitude de se soucier des gens autour de lui, mais quand un personne semblait en détresse alors il avait l'intelligence et la compassion de s'y intéresser. Bien qu'il paraisse indifférent voire même assez froid, l'homme avait des principes clairs et bien que Freyja semblait être persuadé qu'il n'en avait rien à faire de lui, la réalité n'était peut-être pas semblable.

Il approcha son visage du sien et posa contre ses lèvres un baiser lent. Puis, il posa sa paume contre le côté du visage de Fay et plissa un peu les yeux : « Tu te sens seul. » déclara-t-il tout en ajoutant, au final, d'un ton sérieux : « Moi aussi. »

Il n'était pas difficile de le comprendre comme cet adolescent était à fleur de peau. L'homme ne fut pas surprit par ce qu'il lui demandait de faire et ce n'était pas non plus la première fois. Il repoussa les longues mèches blondes vers le dos de l'étudiant et saisit toutes celles qu'il pouvait pour les tenir entre son poing. Alors, il approcha à nouveau son visage du sien et vint embrasser ses lèvres avec envie.

Un mordillement contre celles-ci plus tard, il relâcha la chevelure dorée et attira le corps de Fay à lui afin de le soulever sans peine. Il savait qu'à l'instant où ses paumes suivraient le dessous des cuisses, le jeune étudiant ne manquerait pas de se donner un élan et de s'attacher à sa taille. C'était plus pratique, alors, de revenir prendre ses lèvres comme ils étaient pratiquement à la même hauteur.

Samaël appuya le corps de Freyja contre le mur tout en redressant à peine la tête afin que leur regard se fixe à nouveau l'un à l'autre. Il plissa à peine les yeux comme d'un air interrogatif. « Es-tu sûr que c'est bien ce que tu veux ? »
Déjà, ses doigts s'appuyaient un peu plus contre les cuisses jusqu'à pratiquement les écraser. Un geste de possession parce qu'en dépit de toute la bonté qu'il pouvait avoir dans le corps, c'était tout de même ce que Freyja revêtait comme aspect définitif à son regard. C'est-à-dire que cette nuit il serait à lui.

Il attendait une simple réponse qui ne vint pas vraiment de la manière dont il l'avait envisagée, mais maintenant que l'adolescent lui faisait part de son interrogation alors l'homme se permit une réponse toute simple : « Non. »
Puis, il le plaqua un peu plus contre le mur et vint lui mordre l'épaule. Ses dents laissèrent une marque qui à défaut de blesser, aurait sa place à cet endroit durant un petit moment. L'homme remonta ensuite ses lèvres froides le long de la gorge et stoppa sa route au niveau de l'oreille.

C'est là qu'il en profita pour ajouter : « Mais est-ce que les choses ont besoin de changer ? »
Sur ce, il vint lui offrir un baiser conséquent avec la proximité qu'ils avaient. Entre deux appuis, il en profita pour replacer l'élève dans ses bras comme il glissait un peu de ses mains. Puis, il se recula lentement et marcha à reculons jusqu'à la chambre. Une fois là-bas alors il le déposa sur le bord du matelas et le regarda en se massant les poignets.